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"En 60, j'ai 12 ans, on monte une pièce de théatre en cours de français. L'ambiance des loges, les odeurs, le bois, le maquillage...La révélation. On aimait Kirk Douglas, Brando, James Dean, Fernandel, Jouvet, Bourvil. C'était déjà le cinéma à deux visages : l'américain et le français.
Puis le conservatoire à Casa. C'était assez pauvre, à tous les niveaux. Déjà, on rêvait de Paris en lisant France Soir...Le bus Palladium, les offres d'emploi...La plupart de mes amis de l'époque étaient dans la musique. Il y en a un qui est guitariste à New York, d'autres qui sont dans les affaires. Ils sont restés mes amis."
Après son service militaire, il s'installe définitivement en France à l'âge de 17 ans afin d'échapper au régime fasciste de Franco. D'emblée, il décide d'entamer une carrière d'acteur et se lie d'amitié avec le comédien Didier Flamand.
"Après mon service militaire et le Cours Simon, je rencontre Didier Flamand aux Bouffes du Nord, dans l'atelier d'Andreas Voutsinas. C'est une période bénie de ma vie. Là-bas, j'ai connu Claude Brasseur, Samy Frey, Delphine Seyrig, Saddy Rebbot. C'était vachement chic, tu vois. T'es un petit branleur et t'as rendez-vous deux jours par semaine avec Voutsinas, habillé en Courrège toujours de la même couleur, avec cet accent -"Chéri, chéri..."-, la casquette, le bouc, le chien... Il venait de l'Actors Studio, à New York. Alors que moi, au Cours Simon, c'était plutôt l'homme est un roseau pensant".
Avec Didier Flamand, ils
montent une compagnie itinérante et font le tour de la France.
Jean Reno fait aussi le tour des castings et décroche
plusieurs petits rôles dans des productions aussi
différentes que "L'hypothèse du tableau volé",
de Raoul Ruiz, ou "Clair de femme", de Costa-Gavras.
C'est sur le tournage des "Bidasses aux grandes Manoeuvres", de
Raphaël Delpard, que Reno fait la connaissance de Luc Besson,
alors assistant réalisateur.
"Les bidasses, ça va être quelque chose ! Le scénario est fantaisiste, le metteur en scène dépassé et la production radine au-delà de l'imaginaire. Le tournage se fait dans l'improvisation, la démerde et surtout la franche rigolade. Luc est partout, premier arrivé, dernier parti. Et moi aussi avec ma tenue et mon képi, deux heures avant le Moteur. Rien que pour cela, on se sent déjà complices. A la sortie, "Les Bidasses en grandes manoeuvres" allonge la liste des nanars de l'année, mais je m'en fous. Ce film est le début d'une énorme amitié et d'une grande aventure partagée, et, pour moi, le carrefour de ma vie de comédien".
Le duo ne se quittera plus,
l'un devenant l'acteur fétiche de l'autre et vice-versa.
Guerrier apocalyptique dans "Le Dernier Combat", batteur muet dans
"Subway", plongeur émérite dans "Le Grand Bleu",
liquidateur à l'acide dans "Nikita", Reno est de tous les
Besson. Mais il tourne aussi ailleurs : catcheur dans "L'homme au
masque d'or", inventeur fou dans "Loulou Graffiti", il a le bon
feeling en signant pour un film alors intitulé Les
explorateurs de Louis VI Le Gros, et qui deviendra bien vite "Les
Visiteurs" avant de battre des records d'audience dans les salles
françaises et qui nous vaudra une suite cinq ans plus tard, et
une version US en 2000.
Mais son rôle le plus important, il le trouve en 1993 avec
"Léon", du même Besson, rôle qui est la suite
logique de son personnage du Nettoyeur dans "Nikita". "Léon",
tourné à New York, le fera connaître dans le
monde entier et lui ouvrira les portes de Hollywood. Outre "Mission :
Impossible" et la comédie romantique "Pour l'amour de Roseanna
", tournée en Italie pour un studio américain, il est
au générique de "Godzilla", de Roland Emmerich, et
figure au somptueux casting de "Ronin". En septembre 2000, il
apparait dans "Les rivières pourpres", le film de Mathieu
Kassovitz et enchaine avec le remake de "Rollerball", de John Mc
Tiernan.
Aujourd'hui, Jean Reno est
devenu un emblême pour le cinéma français.
D'ailleurs, le président français, Jacques Chirac, le
nommera Chevalier de la légion d'honneur lors du
défilé du 14 juiller 1999. La cérémonie
s'est tenue au mois de novembre 1999.
Il est, en outre, la parrain de l'association "Enfance et
partage".